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Qu'est-ce qui fait chauffer notre cocotte Terre ?

Publié le par vecteur-douceur association : site littéraire et historique

Les isotope sont des atomes possédant le même numéro atomique, (même nombre de protons) mais de masse atomique différente (nombre différent de neutrons). La plupart des éléments se présentent naturellement sous forme d'un mélange d'isotopes.

L'oxygène naturel est constitué des trois isotopes stables 16O, 17O et 18O, 16O étant le plus abondant.

L'importante abondance relative et absolue de 16O s'explique par le fait qu'il est un produit principal de l'évolution des étoiles. Les molécules d'eau contenant l'isotope le plus léger sont plus susceptibles de s'évaporer et de retomber sous la forme de précipitations, ainsi l'eau de glacier et la glace polaire contiennent légèrement moins (0,1981 %) de l'isotope lourd 18O que l'air (0,204 %) ou l'eau de mer (0,1995 %). Cette disparité permet des analyses de températures anciennes via l'étude de carottes de glace. Maintenant, observez-bien ce graphique.

La ligne verticale noire du diagramme GISP2 correspondant à la température enregistrée dans les carottes de glace du Groenland. Un événement situé il y a 3 600 ans porte la marque d'une baisse brutale de la température.

La chute brutale de température mesurée par l'isotope Oxygène 18 n'est pas le seul paramètre atmosphérique signifiant. Parmi eux signalons un pic majeur de 140 parties par milliard dans la concentration de sulfate (SO4), soit une concentration dix fois plus importante que la moyenne observée de l'ordre de 15 parties par milliard dans les siècles qui ont suivi.

Or, comme je l’ai relaté en 2016 dans le tome 1 de Dernier regard sur un monde corrompu, un événement catastrophique s'est produit il y a environ 3 600 ans.

1628 av. J.-C. fut l'année de l'éruption du Théra, un volcan situé en Méditerranée orientale qui portera ensuite le nom de Santorin.

Elle aurait été cinquante fois plus importante que celle du Krakatoa, l’éruption de 1883 en Indonésie. Ses explosions ont été entendues à une distance de 4 800 kilomètres. Ses cendres ont été propulsées à 80 kilomètres dans l'atmosphère et son onde de pression a fait le tour du globe près de quatre fois. Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées et les températures moyennes ont chuté de 1,2 °C dans l'année qui a suivi l'éruption.

Mais l’éruption de Théra ne suffit pas à expliquer à elle seule l'intégralité de ce qui compose le pic majeur d'acidité découvert dans les carottes de glace. Malgré son ampleur et bien que l'éruption du Théra soit estimée cinquante fois plus importante que celle du Krakatoa, elle ne peut à elle seule expliquer le pic majeur de poussières atmosphériques qui s'est produit au cours de la première moitié du 17e siècle av. J.-C. De fait, l'éruption du Théra semble avoir été un très petit contributeur à cet apport poussiéreux.

La couche d'acidité contenue dans les carottes de glace révèle des niveaux élevés de sulfate, mais les récents calculs pétrologiques (étude de la formation des roches) sur les émissions de soufre spécifiques à l'explosion du Théra ne représentent dans la glace que 3 à 6 % de la quantité de concentration d'acide attendue. Si l'éruption du Théra ne représente qu'environ 6 % de l'ensemble des poussières présentes dans l'atmosphère issus notamment du sulfate volcanique qui se transforme en acide sulfurique dans les carottes de glace, alors d'où viennent les 94 % restants de poussière ?

La réponse est : « à des collègues ». À cette époque Théra n'était pas le seul volcan actif. Et c’est là que la dendrochronologie (étude des anneaux de croissance des troncs d'arbres) vient à notre secours en corroborant la période située dans la première moitié du 17 siècle avant J.-C. Pouvant correspondre à d’autres éruptions dont celle du Mont Aniakchak situé dans la Chaîne aléoutienne en Alaska, aux États-Unis.

Plus précise que les carottes de glace, la dendrochronologie permet de mettre en exergue la quasi synchronicité de cette éruption avec celle du Théra.

La dendrochronologie révèle une perturbation dans la croissance normale des arbres d'Amérique du Nord qui témoigne de l'existence d'un événement climatique majeur survenu entre 1629 et 1628 avant notre ère. Mais ces deux éruptions ne suffisent toujours pas à expliquer certains taux élevés retrouvés dans les carottes de glace. Ainsi certains éminents scientifiques en sont arrivés à la conclusions que quatre éruptions majeures eurent lieu à cette époque et presque simultanées : Théra, Aniakchak, Vésuve et Saint-Helens. Elles se seraient toutes produites vers 1628 avant J.-C., « plusieurs éruptions synchronisées », mais cela ne suffit toujours pas à expliquer l'intégralité de ce qui compose le pic majeur d'acidité découvert dans les carottes de glace.

Ces quatre volcans sont situés dans l'hémisphère nord. Le plus méridional est Théra à 36° de latitude Nord, tandis que Saint-Helens et Aniakchak sont situés au-dessus de 45° de latitude Nord (53° et 56°), tandis que le Vésuve se situe à 40°. Mais malgré leurs ampleurs exceptionnelles, ces quatre éruptions ne représentent qu'environ 42 % de la poussière atmosphérique totale présente dans les carottes de glace. Alors ?

Cette concentration d'activité volcanique se situait exclusivement dans l'hémisphère nord, alors que des recherches effectuées dans des carottages en Antarctique ont révélé que le pic d'acide sulfurique relevé vers 1620 av. J.-C. est presque quatre fois supérieur en Antarctique avec 620 parties par milliard contre 180 pour le Groenland. De où peuvent provenir ces 58 % de poussières atmosphériques EN TROP ? Et qu’est-ce qui a pu déclencher quasi simultanément au moins quatre éruptions volcaniques majeures ?

À suivre

Olivier

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