Retour sur le climat : le vrai (Partie 10)
Retour à la première partie : https://vecteur-douceur.over-blog.com/2023/01/retour-sur-le-climat-le-vrai-partie-1.html
Avant de continuer à parler « éruption volcanique », j’aimerais revenir sur cette histoire de minimum de Maunder et à l’extrême soudaineté d’événements climatiques capables de se produire durant cette période.
Il n'aura fallu qu'une seule nuit de l'année 1709 pour que le climat bascule. Le 5 janvier, les températures vont chuter. « Nous sommes en hiver ! », me direz-vous. Mais celui de 1709 n'a rien d'ordinaire. Le lendemain, le continent européen est glacé de l'Italie à la Scandinavie et de l'Angleterre à la Russie. Cela va durer trois mois avec son cortège mortifère provoqué, entre autres, par des pénuries alimentaires. Au point qu’une guerre en cours sera mise en standby.
Ces conditions météorologiques extrêmes auront en effet des répercussions politiques. Le conflit entre la France et la Grande-Bretagne dans la guerre de Succession d'Espagne sera suspendu jusqu'au retour des beaux jours.
Et, comme le dit si bien la Bible : « Rien de nouveau sous le soleil … », comme actuellement avec les sanctions « sensées anéantir la Russie », mode Bruno Le Maire, le froid aura en partie contribué à faire de la Russie une puissance régionale.
En effet, alors que les historiens considèrent la victoire russe de Pierre 1er le Grand sur la Suède lors de la bataille de Poltava en juin 1709 comme une étape décisive de cette transition, le Tsar aura pu remercier le froid qui a anéanti l’armée suédoise réduite et affaiblie par la mort d'un grand nombre de soldats en raison des conditions épouvantables.
Et comme un écho à travers les siècles, le pays le plus touché par ce froid sera la France.
1709 avait déjà mal commencé. Les paysans français devaient composer entre récoltes homéopathiques et impôts gargantuesques.
Viendra s’adjoindre à ce cocktail déjà détonnant, l'enrôlement pour la guerre de Succession d'Espagne. Malgré tout cela, les vagues de froid endurées fin 1708 n'auront rien de commun face à l'effondrement des températures de la nuit du 5 au 6 janvier 1709.
Les deux semaines suivantes, la neige tombera sur la France avec des températures avoisinant les -20 °C. Cette période est désormais qualifiée de Grand Hiver. Bêtes et gens vont mourir d'hypothermie avant la prise de mesures visant à aider les citoyens.
Sur l'ensemble du pays, les fleuves, les canaux et les ports seront figés par la glace et les routes bloquées par la neige. Du nord au sud, c’est la disette et le froid qui vont s’installer n’épargnant personne, même les plus riches.
La faim constituera, à bien des égards, le plus implacable des fléaux engendré par ce froid.
Les conséquences des pénuries alimentaires vont durer jusqu'à la fin de l'année 1710. Arbres fruitiers, céréales, vignes, légumes, et troupeaux, tout sera perdu et les récoltes de l'été suivant ne pourront même pas être plantées. Face à cette situation, le prix des céréales atteindra des sommets en 1709, jusqu'à six fois le cours habituel. (ça ne vous fait penser à rien !?)
En effet, ceux qui se pensaient à l'abri avec leurs stocks de nourriture et de boissons vont bientôt réaliser que le froid les rend inutilisables. Le pain, la viande et certaines boissons alcoolisées vont geler, sauf les boissons fortement alcoolisées.
Le reste de l'Europe ne sera pas non plus épargné par les monstrueuses conséquences du froid. La mer Baltique va se figer durant quatre longs mois et les voyageurs, vont, selon les récits de l’époque, pouvoir la traverser à pied ou à cheval depuis le Danemark pour rejoindre la Suède ou la Norvège.
Les troncs d'arbre vont même se briser avec fracas. En Espagne, l'Èbre sera couvert de glace et la région de Valence verra ses oliviers anéantis par le froid. Phénomène exceptionnel, même « Babylone » sera touchée. En effet, dans les églises, les cloches vont même en arriver à se fendre au lieu de résonner.
À Londres, la Tamise sera prise par les glaces. Les canaux et le port d'Amsterdam vont connaitre le même sort. Le gel toucha la quasi-totalité des rivières de l'Europe du Nord et Centrale, même les sources chaudes d'Aix-la-Chapelle.
À Venise, les habitants vont utiliser des patins à glace au lieu des gondoles pour traverser la ville. Rome et Florence seront coupées du monde par des chutes de neige monstrueuses.
Malheureusement, l’histoire ayant une sérieuse tendance à se répéter, aussi épouvantables auront pu être ces conditions glaciales, elles n’auront constitué que le premier événement d'une série de fléaux à s'abattre sur l'Europe cette année-là.
Les températures vont rester anormalement basses jusqu'en avril, mais une fois la neige et la glace fondues, elles vont laisser la place à des inondations. Et comme la maladie n’est qu’affaire de terrain propice, elles vont proliférer.
Le froid et la faim du Grand Hiver vont en faciliter la propagation et entraîner une épidémie à l'échelle européenne en 1709 et 1710.
La peste va aussi frapper cette année-là, venue de l'Empire ottoman via la Hongrie. En France, la population va connaitre un net déclin au cours des années 1709 et 1710 : 600 000 morts supplémentaires et un recul de 200 000 naissances par rapport à la moyenne annuelle de l'époque.
À notre époque, le froid et la peste auront été sournoisement remplacé par couillonavirus et l’Ukraine. Tout comme en 1709-1710, il n'en faudra pas plus pour achever une économie déjà chancelante.
Et pour en revenir à mes volcans, encore aujourd'hui, cette période détient le record de l'hiver européen le plus froid des 500 dernières années et occupe toujours l'esprit des climatologues.
Diverses théories ont vu le jour pour tenter de l'expliquer. En effet, avant cette vague de froid, plusieurs volcans étaient entrés en éruption autour de l'Europe, notamment le Teide situé sur l'île de Tenerife, dans l'archipel des Canaries, le volcan de Santorin en Méditerranée et le Vésuve près de Naples. D'énormes volumes de poussière et de cendre envahiront l'atmosphère et entraveront le passage du Soleil.
Mais, surtout, n’oublions pas « le chef d’orchestre » qui me permet ainsi de reprendre le fil directeur de mon propos. 1709 tombait dans la période du minimum de Maunder (1645-1715) par les climatologues, époque à laquelle les émissions d'énergie en provenance de notre étoile ont connu un affaiblissement considérable.
Ainsi, Club de Rome aidant, on prête trop à l’homme, ce gueux pollueur, des capacités de nuisance qu’il ne possède tout simplement pas.
Nous ne sommes que des insectes qui devons, tels, nos aïeux, réapprendre à vivre avec les cycles de la nature. Mais ça, le GIEC semble n’ignorer !
Mais, même si l'on remonte plus loin dans le temps que ce minimum du 17e siècle, l’éruption de Théra ne suffit pas à expliquer à elle seule l'intégralité de ce qui compose le pic majeur d'acidité découvert dans les carottes de glace.
Malgré son ampleur et bien que l'éruption du Théra soit estimée cinquante fois plus importante que celle du Krakatoa, elle ne peut à elle seule expliquer le pic majeur de poussières atmosphériques qui s'est produit au cours de la première moitié du 17e siècle av. J.-C.
De fait, l'éruption du Théra semble avoir été un très petit contributeur à cet apport poussiéreux. La couche d'acidité contenue dans les carottes de glace révèle des niveaux élevés de sulfate, mais les récents calculs pétrologiques (étude de la formation des roches) sur les émissions de soufre spécifiques à l'explosion du Théra ne représentent dans la glace que 3 à 6 % de la quantité de concentration d'acide attendue.
Si l'éruption du Théra ne représente qu'environ 6 % de l'ensemble des poussières présentes dans l'atmosphère issus notamment du sulfate volcanique qui se transforme en acide sulfurique dans les carottes de glace, alors d'où viennent les 94 % restants de poussière ?
La réponse est : « à des collègues ». À cette époque Théra n'était pas le seul volcan actif. Et c’est là que la dendrochronologie (étude des anneaux de croissance des troncs d'arbres) vient à notre secours en corroborant la période située dans la première moitié du 17 siècle avant J.-C. Pouvant correspondre à d’autres éruptions dont celle du Mont Aniakchak situé dans la Chaîne aléoutienne en Alaska, aux États-Unis.
Plus précise que les carottes de glace, la dendrochronologie permet de mettre en exergue la quasi synchronicité de cette éruption avec celle du Théra.
La dendrochronologie révèle une perturbation dans la croissance normale des arbres d'Amérique du Nord qui témoigne de l'existence d'un événement climatique majeur survenu entre 1629 et 1628 avant notre ère.
Mais ces deux éruptions ne suffisent toujours pas à expliquer certains taux élevés retrouvés dans les carottes de glace. Ainsi, certains éminents scientifiques en sont arrivés à la conclusions que, tout comme concernant le minimum de Maunder, quatre éruptions majeures eurent lieu à cette époque et presque simultanées : Théra, Aniakchak, Vésuve et Saint-Helens.
Elles se seraient toutes produites vers 1628 avant J.-C., « plusieurs éruptions synchronisées », mais cela ne suffit toujours pas à expliquer l'intégralité de ce qui compose le pic majeur d'acidité découvert dans les carottes de glace.
Ces quatre volcans sont situés dans l'hémisphère nord. Le plus méridional est Théra à 36° de latitude Nord, tandis que Saint-Helens et Aniakchak sont situés au-dessus de 45° de latitude Nord (53° et 56°), tandis que le Vésuve se situe à 40°.
Mais malgré leurs ampleurs exceptionnelles, ces quatre éruptions ne représentent qu'environ 42 % de la poussière atmosphérique totale présente dans les carottes de glace.
Alors ?
Cette concentration d'activité volcanique se situait exclusivement dans l'hémisphère nord, alors que des recherches effectuées dans des carottages en Antarctique ont révélé que le pic d'acide sulfurique relevé vers 1620 av. J.-C. est presque quatre fois supérieur en Antarctique avec 620 parties par milliard contre 180 pour le Groenland. D’où peuvent provenir ces 58 % de poussières atmosphériques EN TROP ?
Et qu’est-ce qui a pu déclencher quasi simultanément au moins quatre éruptions volcaniques majeures ?
À SUIVRE SI ON ME LAISSE ENCORE ECRIRE.
« Victime de mon succès », je fais l’objet d’un déréférencement Sauvage de la part des GAFAM, si vous désirez m’aider, le minimum que vous puissiez faire, c’est de cliquer sur les liens si dessous afin de faire remonter mon référencement. D’avance merci.
Quant à celles et ceux qui veulent en savoir plus, j’ai ceci :
https://www.thebookedition.com/fr/tonton-malthus-est-revenu--p-381845.html
Olivier
Suite ici : https://vecteur-douceur.over-blog.com/2023/03/retour-sur-le-climat-le-vrai-partie-11.html